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Interview Exclusive de Jean-Denis Walter : " Une bonne photographie est toujours la réunion de sa force esthétique et du propos qu’elle porte. "

13 Janvier 2016 , Rédigé par Sports and People News Publié dans #Interview, #Médias, #People

Jean-Denis Walter.

Jean-Denis Walter.

En quelques années, Jean-Denis Walter est devenu l'une des références de la photographie

sportive, il nous a reçu dans sa galerie où il expose toute l'année des œuvres originales de

photographes prestigieux exclusivement dédiées au sport.

Dans cette entrevue, Jean-Denis Walter s'est confié en toute sincérité et en toute simplicité à Sports and People News.

Rencontre inédite avec un homme talentueux dans un univers débordant d’histoires. Il nous fait

partager son attachement à son métier et sa passion pour le sport et pour la photographie.

Pouvez-vous vous présenter ?

Aujourd’hui galeriste, j’ai avant cela fait ma carrière dans la presse magazine. D’abord en étant

exclusivement en charge de la photographie, puis en étant rédacteur en chef de L’Equipe

Magazine.

En 1981, vous commencez votre carrière professionnelle comme iconographe dans l'agence de votre mère Suzanne. Votre mère vous a-t-elle transmis la passion pour la photographie ?

Elle avait fondé une agence d'iconographes et travaillait pour l’édition. Alors j’ai toujours baigné un peu là-dedans, d’autant que ses bureaux étaient à la maison. Naturellement, à la fin de mes études, j’ai intégré l’agence et commencé avec elle.

C'est en quelque sorte grâce à votre mère que vous avez réalisé ce parcours.

Effectivement elle m’a mis le pied à l’étrier. Quelques mois après mes débuts à l’agence, elle a eu pour mission de prendre en charge l’illustration d’une grande encyclopédie de sport. Elle m’a confié ce travail. Mes deux passions se sont retrouvées pour la première fois réunies et cette encyclopédie qui m’a demandé un an de travail marque le vrai début de l’aventure.

Après avoir travaillé pour différents groupes de presse (Agence Presse Sports, VSD, Prisma Presse, le quotidien Le Sport), vous intégrez en 1999 L'Equipe puis L'Equipe Magazine où vous étiez le Directeur de la Photographie puis le Rédacteur en Chef.

Quels souvenirs en gardez-vous ?

Tout a été très vite. La réussite de cette encyclopédie a fait que L’Equipe m’a contacté pour

travailler dans leur agence photographique (Presse Sports) et que les choses se sont enchainés ensuite au gré des opportunités. Dans la presse sportive et ailleurs.

Je garde le souvenir d’une époque où tout était plus simple et où les possibilités étaient

nombreuses.

En fait, ma carrière s'est faite au gré des rencontres. J’ai appris sur le tas et cela m'a fait progresser jusqu’à ma nomination à la rédaction en chef du magazine de L’Equipe.

Vous êtes donc un autodidacte ?

En quelque sorte puisque j'ai fait des études littéraires (Hypokhâgne et Lettres modernes) et que je n’ai jamais fait l’école de journalisme.

A L'Equipe, vous concevez la revue Hobo. Pouvez-vous nous expliquer le concept de ce

magazine ?

C’est à la sortie de « 6 Mois » la magnifique revue éditée par Les Arènes que le déclic s’est fait.

Pour quoi pas adapter le concept au sport en racontant de grandes histoires sous forme de récits

visuels. Par rapport à un magazine classique où la photographie est au soutien du texte, dans Hobo, c’est l’inverse. On part du reportage photographique qui doit être un reportage de fond,

abouti, et les légendes, plus des texte courts et souvent le regard d’un contributeurs pas

forcément journaliste va vous aider à circuler dans l’histoire.

L'unique exemplaire du magazine Hobo.

L'unique exemplaire du magazine Hobo.

Comment est né Hobo ?

Lorsque j'étais le rédacteur en chef de L'Equipe Magazine, nous produisions de très grands

reportages photographiques qui demandaient du temps et la publication finale 4, 6 ou 8 pages

étaient assez frustrantes parce qu’évidemment nous étions obligés de laisser de côté, faute de place, des images formidables. J’avais envie d’avoir de l’espace, de montrer toutes ces merveilles. Un sujet dans Hobo pouvait s’étendre sur 30 pages.

Seulement un exemplaire est paru ?

Oui, une grande souffrance. L’actualité économique des grands groupes de presse fait qu'on ne peut plus prendre le temps de laisser un projet s’installer. C’est la réussite immédiate ou la mort. Ce fut la mort.

Envisagez-vous dans l'avenir de reproduire un nouveau livre photo ?

Pourquoi pas.

Quelles sont les raisons de ce changement de vie ?

L’arrêt de la revue a impliqué mon départ de L’Equipe. Retrouver du travail à ce niveau de

responsabilité dans un secteur en crise n’était pas simple. Ce fut l’occasion pour moi de réfléchir à ce que je voulais faire. Je fréquentais l’univers des galeries et n’y voyait jamais de sport ou presque. J’ai croisé tant de photographies extraordinaires. Je les connaissais et j’avais la

confiance de leurs auteurs…J’ai tenté le coup.

Vous êtes en quelque sorte un précurseur ?

D'après des recherches que j'ai pu faire sur internet, en France, c'est sûr, je suis le premier galeriste dédié au thème, le premier à proposer des tirages originaux en éditions limitées, signés, numérotés et certifiés, ayant le statut fiscal d’œuvres originales. A l'étranger, j’ai aussi cherché, il se peut qu’il existe une galerie qui m’ait échappée mais à priori c’est une première mondiale.

Concernant vos expositions, comment sélectionnez-vous les artistes et les œuvres que vous mettrez en avant dans votre galerie ?

Au départ, pour les débuts, j’avais en tête les photographies avec lesquelles je voulais démarrer. Depuis, je l’enrichis par des rencontres, des découvertes, des propositions. C’est un peu intuitif. Je sens qu’une photographie possède le supplément d’âme qui fait qu’elle aura le potentiel d’être

proposée et qu’elle pourra séduire.

Enfin je pense le sentir plutôt. C’est un métier différent el tels choix le sont aussi. Quand vous

publiez un reportage, certaines images sont indispensables même si elles ne sont pas grandioses parce qu’elle vont participer au récit. En galerie, l’image doit exister par elle même, seule que vous puissiez imaginer l’avoir tous le yeux tous les jours et en retirer quelque chose.

Vos œuvres sont destinées à quel genre de public ?

C'est difficile de répondre à votre question puisque je n'ai pas d'acheteur type. On pourrait

s'imaginer que les clients sont en majorité des hommes, mais en fait, la moitié de mes acheteurs sont des femmes. Il peut y avoir la notion de cadeau, mais je pense aussi que les femmes se

laissent plus facilement porter par leurs coups de cœur. Quand il y a combat entre raison et

passion, elles succombent plus souvent…Mais une chose est sûre, au-delà d’aimer l’image il faut

que les gens soient sensibles au fait d’acquérir une pièce rare. Beaucoup se conteraient d’une

reproduction ou même d’un poster et c’est tout à fait respectable, mais quand on achète en galerie, on veut aussi acheter une belle pièce, ce n’est pas seulement de la décoration.

Selon vous, le public français est-il assez réceptif à cet art ?

Oui, quand même ! Toutefois, je crois que par rapport au thème que j'ai choisi, il serait encore plus judicieux d’être installé dans un pays anglo-saxon où le sport est considéré comme noble de

manière plus unanime... A Londres, par exemple.

Dans l'avenir vous l'envisagez ?

Oui, c'est possible ! En ouvrir d’autres à Londres ou ailleurs, ou trouver des accords avec des

galeries déjà en place.

Le public peut-il acquérir les œuvres exposées ?

C’est une drôle de question… Evidemment puisqu’une galerie vit de cela.

A titre informatif, quel est l'éventail des prix ?

Les prix démarrent entre 600 et 700 euros pour les moins chères et cela peut monter aux alentours de 10.000€ pour les pièces les plus chères.

Vous exposez tout au long de l'année, quels étaient les thèmes des précédentes

expositions ?

Je fais souvent des expositions collectives, la galerie est récente et je veux montrer que tous les styles peuvent s’exprimer et que le thème n’est pas réducteur. C’est une manière de présenter la galerie et tout ce qu’on peut y trouver. L’été dernier pour la première fois, j’ai fait une exposition

thématique, tout rugby. La Coupe du Monde arrivait et le thème est très riche. Avec l’exposition

actuelle, c’est la première fois que je n’expose qu’un auteur ou quasiment (quatre images seulement sont signées d’un autre).

Sur votre site officiel, vous déclarez que "les photos vous parlent et que vous savez les

entendre", comment vous l'expliquez ? C'est une forme de 6ème sens ?

C'est effectivement ce que je ressens. Une capacité qui a grandi au fil de ma carrière. Un œil ça se forme et l’expérience le nourrit. J’ai toujours eu une grande sensibilité à la photographie et passer plus de trente ans à en choisir vous donne une certaine expérience et je crois pouvoir dire

compétence.

Comment reconnaissez-vous une excellente photographie ?

C’est comme une évidence et c’est un sens que nous sommes nombreux à partager. Certaines images font même l’unanimité. On est devant et on a juste envie de faire : ouahhh !

Fait étonnant, dans un monde frénétique ou nous courons tous après le temps, votre travail repose essentiellement sur la patience ?

Plus que de la patience, c’est juste de prendre le temps de s’arrêter ! Il est important de redonner de la valeur aux grandes photographies. Un flux massif d'images nous arrivent de partout… Et parfois, certaines d'entre elles méritent qu’on s’y arrête.

Sur votre relation avec le sport, quelle importance a le sport dans votre vie ?

Le sport m'a toujours passionné et c’est un vrai un vrai bonheur de pouvoir rassembler mes deux passions qui sont la photographie et le sport. J'ai beaucoup joué au rugby, au football, au tennis et j'apprécie d’en suivre l’actualité.

Quels sont les sports que vous appréciez ?

Disons que mes grands sports sont plutôt les sports collectifs. Mais à très haut niveau, j’aime tous les sports et les émotions qu’il génère.

Depuis le 15 décembre 2015, vous exposez dans votre galerie les œuvres de Gerry

Cranham*, un photographe anglais, spécialiste du sport. Pourquoi ce choix ?

Gerry Cranham est un photographe que j’admire depuis toujours. Un des pionniers de la

photographie de sport. Je le représente à la galerie depuis deux ans mais ne lui avait jamais

consacré une exposition. J’en avais envie depuis longtemps.

Quelles sont les photographies de Gerry Cranham que vous appréciez ?

Toutes celles que j’expose et bien d’autres encore. Mais j’ai un vrai faible pour « Highbury » .

La photographie " Highbury" de Gerry Cranham.

La photographie " Highbury" de Gerry Cranham.

Dans cette exposition, vous exposez aussi les œuvres de l'Américain Neil Leifer, grand

spécialiste de Mohamed Ali. Pouvez-vous nous parler de son travail ?

Neil Leifer est une légende, le plus grand photographe de la revue Sports Illustated qui en compte beaucoup. J’ai choisi de joindre quelques images de Neil à celles de Gerry parce qu’ils

sont contemporains (86 ans tous les deux) et que je voulais faire un mur totalement dédié à

Mohamed Ali.

Mohamed Ali photographié par Gerry Cranham.

Mohamed Ali photographié par Gerry Cranham.

Quels seront vos prochaines expositions ?

Probablement sur le thème du foot pendant l’Euro 2016.

Pour conclure l'interview, que pouvons-nous vous souhaiter pour l'avenir ?

C’est un métier difficile, parce que une acquisition est toujours du domaine du superflu, du coup de cœur. Alors souhaitez moi juste de réussir.

Merci à vous Monsieur Walter pour toutes ces confidences et toutes ces belles explications autour de toutes ces œuvres que vous exposez. Je vous souhaite une excellente

continuation !

Propos recueillis par M. Bensalah

Lundi 11 Janvier 2016

Pour retrouver toute l'actualité de Jean-Denis Walter, dirigez-vous vers les sites suivants :

Le Site Officiel : http://www.jeandeniswalter.fr/

(En cliquant sur le nom d'un photographe, vous accéderez à ses œuvres).

Twitter : @JeanDenisWalter

Facebook : https://www.facebook.com/Galerie-Jean-Denis-Walter-Photographie-dart-%20115673725291854/timeline/

*L'exposition "OLDIES BUT GOLDIES!" consacrée à l’œuvre de Gerry Cranham jusqu'au 15

février 2016 à la Galerie Jean-Denis Walter (56 boulevard de la Tour-Maubourg, 75007 Paris).

 Flyers de l'exposition " Oldies but Goldies ! "

Flyers de l'exposition " Oldies but Goldies ! "

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